Le film fantastique le plus peuplé en monstres de l’histoire du cinéma

David Cronenberg«J’ai choisi David Cronenberg parce que c’est une de mes idoles, avoue Clive Barker. C’est un grand metteur en scène mais, en plus, il passe très bien à l’écran. Son visage peut arborer un grand sourire sympathique et, la seconde suivante, il peut avoir une expression terrifiante. Il est parvenu à donner à son personnage un humour très sec en même temps qu’une réelle froideur. Il est à la fois persuasif et effrayant.» Bien sûr, il y a le héros, celui qui passe d’un monde à l’autre pour la bonne cause, le sauveur, quoi ! Voici son histoire, simple et efficace… Boone serait un jeune homme sans problème s’il n’était pas convaincu lui-même qu’il est le tueur psychopathe recherché par tous les policiers du pays. Il veut se livrer, avouer, mais son analyste, Decker, tente de le raisonner. En vain. Dans ses rêves, Boone est attiré par un monde parallèle, souterrain, appelé Midian. Pour le rejoindre, il n’a qu’une solution : se suicider. Après une tentative ratée, la police se charge de finir le «travail».

Boone est, officiellement mort. Il peut désormais intégrer la cité de légende où les valeurs diffèrent de celles de la «surface». Mais la quiétude ne dure qu’un temps. Boone est recherché par Lori, la femme qu’il aime, et surtout par l’implacable Decker, tueur psychopathe qui voue une haine farouche à Midian et ses habitants, les Nuitants. À Partir de ce scénario sans surprise, Cliye Barker crée un univers fascinant (trop?) ambitieux, à la limite de la surenchère. Celui que Stephen King considère comme «le digne représentant de l’avenir de l’horreur» n’en est pas à son coup d’essai dans le genre. Si son chef-d’œuvre cinématographique reste « Hellraiser, le pacte», il s’est surtout fait connaître, de 1984 à 1986, en publiant les fameux «Livres de sang», soit six recueils de nouvelles des plus stupéfiantes avec, souvent, comme leitmotiv le regard du monstre sur le monde qui l’entoure.

Le succès mondial d’«Hellraiser» lui permet de travailler avec les moyens nécessaires sur «Cabal», laissant la réalisation d’« Hellraiser 2, les écorchés» à Tony Randell, et celle d’« Hellraiser 3» (à venir) à Peter Atkins. Alors, comment Barker définit-il sa dernière production? «Le gore m’intéresse moins à l’heure actuelle. Je m’en suis éloigné dans « Cabal » au profit du fantastique pur, de l’imaginaire. Je ne voulais surtout pas •tourner un nouveau film d’horreur. Pour tenter de définir « Cabal », je dirai que Ce n’est ni un film fantastique, bien que le fantastique y tienne une place importante, ni un film d’horreur, bien qu’il comporte des éléments horrifiques, et ni un film d’action même s’il y a beaucoup d’action. Simple, non?» L’aveu est d’importance car on peut avoir l’impression, surtout dans la dernière demi-heure, d’une ambition démesurée, difficilement maîtrisée.
Craig ShefferIl faut dire que la prestation de Craig Sheffer, qui joue le rôle du héros, supporte mal la comparaison avec celle du débutant David Cronenberg. Mais malgré ces défauts, «Cabal » reste un remarquable exercice de style, susceptible de combler les amateurs de fantastique. Une fois de plus, en matière de monstres en tout genre, on ne peut que se délecter. «Dans le cinéma fantastique, les forces diaboliques, les monstres qui sont supposés être moralement répugnants sont en fait ceux que nous aimons vraiment. J’ai toujours aimé la face noire des choses, les vampires, qui sont des êtres tragiques, débordant de sensualité. Les monstres sont pathétiques…», conclut Clive Barker. Cela ne les empêche pas de trancher dans la chair humaine si le besoin s’en fait sentir…

Le rêve-cauchemar de «Cabal» navigue entre ces deux eaux, entre l’horrible et le tragique, avec des références au cinéma anglo-saxon des années 50 visibles à l’œil nu. Les moyens financiers et techniques en plus, une certaine part de poésie en moins. Mais il faut vivre avec son temps, ma bonne dame…

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