Place au docteur Emmet Brown

Emmet BrownLe docteur Emmet Brown est un scientiste hurluberlu dans «Retour vers le futur» (le numéro deux vient de sortir en cassette chez CIC Vidéo) qui, sans le faire exprès, met au point une savante machine motorisée qui fonctionne au plutonium. Elle a pour but de remonter le temps. Le docteur Brown, qui y parviendra au-delà de ses espérances, fait partie des savants bidouilleurs façon Tournesol. Evaporé, gentil, il est capable à tout moment, et involontairement, de transformer un réfrigérateur en vaisseau spatial et une tasse à café en soucoupe volante. Il n’est pas dangereux, sauf, parfois, pour son entourage, mais ne tend que vers le Bien. Herbert West castre, mutile, saccage et recoud des corps mourants dans « Re-animator 2». Animé lâchement des pires intentions, ce méchant médecin, rayé pour toujours du grand Ordre pour ses expériences inhumaines, se prend pour le docteur Frankenstein. Terence Fisher nous montre Frankenstein sous son vrai jour. Humilié par ses pairs, déshonoré par les siens, il n’a plus qu’une obsession, se venger au plus vite pour prouver son génie. Tous les moyens lui sont bons, ou plutôt mauvais, pour parvenir à ses fins.
On l’avait cru mort dans « Re-animator» mais le docteur West n’a pas fini de sévir! Voilà les deux pans d’une même entité qui opposent la binaire symbolique de ce que les philosophes appellent la vie. Mais le cinéma et la vidéo ont tous les droits, c’est là leur privilège, et convenons que ce qu’ils préfèrent, c’est davantage de représenter les médecins de la mort que les docteurs en médecine. Le premier savant fou de l’histoire du cinéma s’appelle Frankenstein… Sans nul doute, la jolie. Mary Shelley (1797-1851), qui écrit à dix-neuf ans « Frankenstein », ignore que son héros va faire l’objet du plus grand nombre d’adaptations de l’histoire du cinoche (on en recense 148 !).

Rappelons brièvement l’histoire originale

Le docteur Victor Frankenstein, presque mort de froid et de faim, est recueilli dans l’Arctique par l’explorateur Robert Walton, à qui il raconte une bien surprenante histoire. Etudiant en médecine, il cherche avec passion le secret de la vie et parvient à recréer une créature composée de différentes parties d’êtres humains fraîchement ( ?) décédés. Le monstre s’anime, mais sa laideur n’attire autour de lui que haine et animosité. Nous vous laissons découvrir la suite, d’autant plus poignante que toutes les adaptations cinématographiques l’ignorent royalement. La firme Universel confie, en 1931, au réalisateur anglais James Whale, le soin de filmer la première version filmique du roman de Shelley. Immédiatement, c’est un succès, dû, en grande partie, à Charles Edward Pratt (pseudo connu : Boris Karloff) qui incarne avec amour et sensibilité le monstre-titre. Mais très vite, aux yeux du public, la créature occulte le créateur. Il faudra attendre les années 50 et les productions de la Hammer (voir article et critiques dans ce numéro) où le réalisateur Terence Fisher s’attache à nous montrer le baron Frankenstein sous son vrai jour. Veule, lâche, profondément mesquin, radical et violent (il va même jusqu’à commettre un viol dans «Le retour de Frankenstein »), il apparaît, grâce à l’intelligente interprétation de Peter Cushing, comme un dangereux psychopathe, un savant fou habité par le Malin. Deux metteurs en scène ont tenté, avec un inégal bonheur, de tourner en dérision ce mythe incontournable.
Mel BrooksMel Brooks réalise, en 1975, «Frankenstein junior». Son auteur le définit comme «un pastiche humoristique des films d’épouvante des années 30 et, en même temps, un hommage sincère et respectueux à tous ces films bien faits.» Si ils trépanent et charcutent en toute impunité. Au nom de la science?

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